Historique

La médecine et la physiothérapie du sport au PEPS

Démocratiser les soins offerts aux athlètes

Au milieu du siècle dernier, certains professionnels de la santé ont spécialisé leur pratique afin de répondre aux besoins particuliers des athlètes de haut niveau. Si la tendance s’est d’abord manifestée aux États-Unis, ce n’est qu’au début des années 60 qu’elle fait son apparition au Canada. Les médecins sont alors engagés pour encadrer des athlètes de haut niveau facilitant ainsi la communication entre eux, les entraîneurs et leurs athlètes.

La construction du PEPS en 1969 va donner l’opportunité à la médecine et à la physiothérapie du sport de prendre un élan considérable, de se démocratiser et de s’ouvrir à une clientèle plus générale de sportifs. À cette époque, les cliniques spécialisées sont encore peu nombreuses au pays et l’occasion est belle de doter le PEPS d’une de ces ressources.

L’initiative est d’abord celle du professeur/chercheur de l’Université Laval Claude Bouchard qui se spécialise dans la physiologie de l’exercice. Impliqué dans l’élaboration des plans finaux menant à la construction du PEPS, il sait qu’on y projette une clinique. Il sonde donc l’intérêt du docteur Pierre Béliveau qui termine au même moment ses études en médecine et sa résidence en physiatrie. Une opportunité que le nouveau médecin ne peut refuser. Parallèlement, Gaston Marcotte, alors directeur du Service des activités sportives, contacte le jeune physiothérapeute Georges Morisset pour s’enquérir de ses ambitions professionnelles. On lui offre ni plus ni moins que de réaliser son rêve.

PIERRE BÉLIVEAU
Pierre Béliveau s’inscrit à la Faculté de médecine de l’Université Laval en 1960. Il se dirige vers la physiatrie, discipline qui se spécialise dans l’appareil musculosquelettique. Il complète sa formation avec un stage d’un an à Londres en 1969, un autre de deux mois avec le réputé médecin du sport de l’Université du Wisconsin, le docteur Ryan et un dernier de cinq mois à Institut national du sport de Paris-Vincennes. Cofondateur de la Clinique du PEPS, il y travaille jusqu’en 1995 en plus de pratiquer la médecine pendant 30 ans au Centre hospitalier de l’Hôtel-Dieu de Québec. Il est invité en 1987 par l’Asso- ciation olympique canadienne à établir avec d’autres membres les normes entourant la pratique de la médecine du sport. Grand amateur de course à pied, le docteur Béliveau prend part au célèbre Marathon de Boston en 1972.

GEORGES MORISSET
Diplômé depuis à peine trois ans, Georges Morisset passe régulièrement devant le chantier du futur PEPS sur le Chemin Sainte-Foy. Il s’y imagine réaliser le rêve qui l’avait incité à choisir sa profession: physiothérapeute d’athlètes. Quand on le contacte pour mettre sur pied la future clinique au PEPS, il sait que c’est le début d’une aventure qui lui permettra de vivre sa passion. Il laisse le PEPS en 1975, mais continue sa pratique dans le secteur privé étant notamment et pendant plusieurs années le physiothérapeute principal des Remparts et des Nordiques de Québec. Ce qu’il affectionne particulièrement durant toute sa carrière professionnelle, c’est de côtoyer des jeunes passionnés de leur sport, de vivre leurs joies et leurs déceptions, de les rassurer après une blessure, des satisfactions ressenties à les remettre sur pieds et de discuter avec leurs entraîneurs.

C’est ainsi que messieurs Béliveau et Morisset travaillent ensemble durant l’été de 1970 à jeter les bases de la première Clinique de médecine et de physiothérapie du sport qui a ouvert ses portes en septembre suivant dans le nouveau PEPS. Les termes «ouvrir ses portes» se veulent une hyperbole puisque la clinique n’occupe alors qu’un petit local adjacent au grand gymnase. On y retrouve trois tables d’examen et de traitements et le minimum d’équipements nécessaires aux premiers soins et aux traitements de blessures du sport. Le bureau de consultation n’est isolé du reste que par un mince rideau. Le local devient rapidement si exigu que le bureau de la secrétaire doit alors prendre place à l’extérieur, dans le corridor.

La popularité grandissante de la clinique force une première relocalisation en 1975. On la descend au deuxième sous-sol de l’édifice dans des locaux beaucoup plus spacieux. En plus d’une salle à aire ouverte pour les traitements et les exercices, on dénombre trois bureaux fermés pour les consultations et un espace dûment aménagé pour l’accueil des patients et le secrétariat. À cette époque encore, seuls les membres inscrits au SAS peuvent profiter des soins offerts à la clinique du PEPS. Ce n’est qu’au début des années 80 qu’elle devient accessible au grand public.

Dès les premières années, il faut engager du personnel pour répondre à la demande. C’est ainsi que les docteurs Michel Dupont et Germain Thériault joignent l’équipe, tout comme les physiothérapeutes Jean-Claude Savard et Charles Boutin. L’ajout de ces ressources assure pendant plusieurs années une stabilité à la clinique tout en favorisant son évolution.

L’expertise du personnel de la Clinique de médecine et de physiothérapie du sport est sollicitée au-delà des soins cliniques prodigués généralement la semaine. Durant les week-ends, c’est avec les équipes Rouge et Or, les compétitions du calendrier interuniversitaire et les événements spéciaux qui se tiennent au PEPS que les services des professionnels de la santé sont nécessaires. Pour ajouter des effectifs, on imagine alors le concept d’étudiants-soigneurs attitrés aux équipes Rouge et Or qui accompagnent celles-ci lors de leurs compétitions locales ou extérieures.

Si les médecins de la clinique sont des travailleurs autonomes, les physiothérapeutes sont des employés de l’Université jusqu’en 2002 au moment où Jean-Claude Savard prend sa retraite. Le volet physiothérapie est ensuite confiée en sous-traitance à une clinique privée de la région et il appartient alors à Gilles Courchesne de gérer les opérations de la clinique. Cette association dure une quinzaine d’années, la clinique du PEPS conservant toutefois toute son autonomie durant cette période.

Pendant près de 45 ans, la clinique exerce ses activités de médecine et de physiothérapie du sport avec régularité dans des locaux situés au deuxième sous-sol. Au fil des ans, grâce à du personnel compétent et dévoué, elle se forge une solide réputation. L’ouverture de l’agrandissement du PEPS en 2013 met la table à la réalisation d’un projet longuement souhaité, celui de relocaliser la clinique afin qu’elle soit facilement accessible à sa clientèle et qu’elle bénéficie d’une visibilité accrue.

En octobre 2018, près d’un demi-siècle après sa création, on inaugure les nouveaux locaux de la Clinique du PEPS. Toujours spécialisée en sport, cette clinique multidisciplinaire répond désormais mieux aux besoins grandissants de la clientèle issue autant de la communauté universitaire que de la collectivité régionale. Elle présente une formule innovante dans le milieu universitaire où des patients, des professionnels de la santé spécialisés en sport, des enseignants, des chercheurs, des stagiaires et des athlètes de pointe peuvent désormais bénéficier d’un large éventail d’expertises et de services au même endroit.

Au fil des ans, le personnel de la clinique est de tous les événements internationaux présentés au PEPS: le tournoi de tennis Rothmans, la Superfrancofête, la rencontre d’athlétisme Canada/ Russie et le tournoi de handball des Jeux olympiques de 1976 pour ne nommer que ceux-ci. Leur réputation est telle qu’on les sollicite pour accompagner les délégations canadiennes lors des grands jeux. C’est ainsi que le Dr Béliveau se retrouve aux Jeux de Montréal en 1976, le Dr Dupont à ceux de Los Angeles en 1984 et le Dr Thériault à Séoul en 1988. Georges Morisset se rend aux Jeux olympiques de Munich en 1972 et aux Jeux panaméricains de Cali en 1971 et de Mexico en 1975. Jean-Claude Savard fait de même à Montréal en 1976.

Le physiothérapeute Georges Morisset et le docteur Pierre Béliveau ont jeté les bases de la toute première clinique de physiothérapie et de médecine du sport au PEPS.
La gestion de la nouvelle Clinique du PEPS inaugurée en 2018 incombe au docteur Germain Thériault et au physiothérapeute Michael Morin.
Jean-Claude Savard prodigue des soins à un étudiant-athlète du Rouge et Or. Lui et ses collègues Charles Boutin et Gilles Courchesne ont oeuvré comme physiothérapeutes et gestionnaires pendant plusieurs années à la Clinique de physiothérapie et de médecine du sport.